Indigo d'Oc

Collectif pour le design

Le talent du designer Timothée Mion n’attend pas le nombre des années.

Presse interne

Il faut souvent remonter à l’enfance pour comprendre des choix de vie. Timothée Mion, aujourd’hui designer, le reconnait sans ambages.  « Depuis mon jeune âge, j’aimais dessiner et construire ». Un constat que des parents sensibles à l’art ont très tôt encouragé. Des cours hebdomadaires d’arts plastiques pendant une dizaine d’années lui ont fait découvrir tous les aspects de la discipline. Si pour le plaisir, il pratique l’aquarelle, le côté constructif de la perspective le passionne. Tout naturellement, en classe de 3e, le jeune Timothée, scolarisé à Montpellier où il est né, trouve un stage dans une agence d’architecture. Chez Blue Tango Architectures de Philippe Capelier, il fréquente les chantiers. A bonne école puisque c’est le moment où Blue Tango travaille avec Zaha Hadid, comme architecte associé, pour le bâtiment Pierres Vives.

Curieusement aujourd’hui, le grand jeune homme brun retient plutôt son mini-stage effectué au Planétarium, un an plus tôt. « J’y ai découvert le travail des graphistes. Et une passion pour l’espace ». Un prix reçu pour un concours d’affiche, en fin de classe préparatoire, lui donne de nouveau l’occasion de travailler avec des graphistes de chez Nike. Encouragé par sa prof d’Arts Plastiques, il choisira le design. Dans la foulée, il est reçu à la Central Saint Martins of art and design. « Un choix difficile entre cette super école et l’ECAL (Ecole Cantonale d’Art de Lausanne), aussi renommée. Améliorer ma pratique de l’anglais m’a également motivé pour la première » glisse Timothée qui, dix ans après, se souvient d’y avoir aussi appris l’importance de réfléchir à la raison d’exister d’un produit. Titulaire en 2014, d’un Bachelor en design industriel, avec un fauteuil en mousse, comme sujet de diplôme. Projet développé par Hitch Mylius, et primé deux ans plus tard, par la prestigieuse Design Guild Mark de l’industrie britannique de l’ameublement. 

 

Et c’est ainsi que le frenchie fit son trou à Londres. Avec des expériences chez PostlerFergusson et Barber&Osgerby. En 2016, l’expatrié avait tout de même mis un pied en France en produisant, avec un artisan anglais, des chaises à accoudoirs empilables et tables épurées, pour un client du sud de la France. Thimothée aurait pu s’enraciner au Royaume-Uni s’il n’avait pas conservé l’idée de faire un petit tour au bord du Léman. « Entrer à l’ECAL permettait d’avoir un autre point de vue sur le design ». Une décision que ne regrette pas le professionnel, aujourd’hui reconnu, sorti avec un Master 2, en 2020. Après avoir pu mener des projets aussi divers qu’enthousiasmants. Ponctués de rencontres avec les meilleurs, comme Erwan Bouroullec. Et avec des pairs, venus des quatre coins de la planète. Dès sa première année à l’école, il planche sur son Bat°, un objet plat en textile nylon, transformable en bateau, seau ou chapeau au gré de l’imagination enfantine. Ce qui lui vaut un beau succès à Paris, au salon Maison & Objet. En fin d’étude, dans la quiétude suisse, une mention très bien vint couronner un travail sponsorisée par l’Agence Spatiale européenne. « Ma mission était de développer une étude de concept du système de capture d’objets de l’espace, en collaboration avec la startup ClearSpace » explique avec gourmandise l’amateur de films de sciences fiction. Séduit par tout ce qui touche aux nouvelles technologies du cosmos. L’idée de contribuer au nettoyage de l’univers qui nous entoure, dans le ciel ou dans l’eau suffit à l’enthousiasmer. « Songez que 139 millions d’objets dont 34 000 de plus de 10cm flottent dans l’univers » s’empresse d’ajouter le designer éclectique. Tout en étant prêt, quelques secondes après, à  dessiner un flacon commandé par Studio Working Method, implanté entre Londres et Los Angeles. Avec lequel il a déjà collaboré. Ou à concevoir un projet personnel. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une chaise pour son client au sud de la France.

Entre temps, Timothée continue à fréquenter le monde de l’art. « Je suis un fan de Christo et de Jeanne Claude. J’ai eu la chance de voir une de leur installation, à Londres en 2018. J’ai hâte de découvrir celle prévue sur l’arc de triomphe de l’Etoile ». Son intérêt pour David Hockney et Nathalie Dupasquier ne le ramène-t-il pas également à des réflexions sur son métier. « J’aime le côté collage dans leur peinture, les fausses perspectives, l’abstraction des objets et des textures. Un lien avec les collages de process que je réalise pour présenter mes idées ». Un des secrets de sa réussite. Côté Design, il a un faible pour la poésie industrielle de Jean Prouvé. Une autre recette ? Le jeune homme se divertit en travaillant. Et inversement. Tout en ne refusant pas un match de volley, quand, quittant son bureau parisien, il rejoint les plages de son enfance.

Guy Hébert